jeudi 23 février 2017

Like a tatoo - Kawardha - 23.02.17

L’objectif de mon voyage en inde est d’aller visiter la région de Chhattisgarh située dans le centre du pays.
Le Lonely planet sur l’Inde du Nord de 853 pages ne lui en consacre que.. 5 !
Autant dire que je n’ai pas beaucoup d’informations sur cet état de 25 millions d’habitants et 135 000 km2 (la superficie de la Grèce.).

Pourquoi choisir donc le Chhattisgarh ? Parce que c’est une des zones qui concentre le plus de minorités en Inde et qui offre  au voyageur intrépide à qui le manque d’infrastructures n’effraie pas un voyage inoubliable.



Enfin.. c’est ce que j’espère quand je monte dans mon train de Delhi à Raipur (la capitale du Chhattisgarh) !

Alors, juste un petit mémo rapide sur les classes des trains en Inde, parce que parfois on s’y perd..
Il en existe pas moins de 5 :
- Chair : comme le titre le sous entend, ici le trajet se fait assis mais ne comptez pas sur une place numérotée : les premiers arrivés sont les premiers assis. C’est donc bien souvent la cohue et vous risquez fort de voyager debout ou par terre. À conseiller donc pour ‘l’immersion’ mais uniquement pour de courts trajets. Prix imbattable.
- Sleeper : vous avez le droit de vous assoir mais aussi de vous allonger. 6 couchettes numérotées elles + 2 sur les cotés. Pas de clim mais un ventilateur qui ne repousse malheureusement pas les cafards
- 3AC : la même mais avec la clim (prévoir un pull et des chaussettes de montagne !) et des draps et oreillers. Parfait pour les longs trajets.
- 2 AC : Pour un prix un peu plus élevé, des rideaux ! Et 4 couchettes au lieu de 6 + toujours 2 sur les cotés. Idéal pour une femme seule car ces wagons sont prisés des familles indiennes.
- 1AC : le seul plus par rapport à la 2AC qu’on fait payer une fortune est la possibilité de verrouiller la cabine. 4 couchettes seulement. Aucune sur les cotés.

J’ai donc choisi la 2AC et mes 19 heures de trajet sont relatées dans cette vidéo pour qui cela intéresse de savoir à quoi cela ressemble, mais aussi comment réserver son billet à la gare de delhi et même comment se perdre dans une gare parce qu’on est nulle !

Non mais il est pas méchant le monsieur...


Après mon trajet en train que vous aurez savouré (ou pas..), j’arrive donc à Raipur, capitale du Chhattisgarh de 700 000 habitants. Polluée, bruyante, sans charme, elle ressemble donc à la plupart des grandes villes indiennes et n’offre que peu d’attraits.

Mais c’est l’occasion pour moi de me poser après ce long trajet et de rencontrer Anil, qui me guidera pendant les prochains jours.
Anil est un bon vivant de 34 ans qui a une épouse magnifique et avenante. Ces deux là me font une éloge du mariage arrangé (encore très majoritaire en inde) en m’expliquant que ce sont les mariages les plus heureux.
En tout cas, ils en ont l’air.

Anil a plein de bonne volonté, il est serviable à souhait et prend un plaisir évident à partager sa passion pour sa région et les minorités qui la peuplent. Le seul bémol : son anglais est parfois difficile à comprendre et un bon niveau d’anglais made in india est nécessaire.

Mais je suis extrêmement chanceuse de l’avoir trouvé car ,seule ici, les choses auraient été beaucoup plus compliquées. D’une part parce que j’ai peu d’informations et d’autre part parce que très peu de gens parlent anglais. L’hindi n’est même pas la langue officielle mais le Chhattisgarhi, variante de l’hindi ! Autant vous dire que cela n’aurait pas été impossible mais juste difficile. (J’espère donc que ce blog pourra être utile aux voyageurs indépendants qui souhaiteraient se rendre au Chhattisgarh. Infos pratiques à la fin de cet article).

Puisque Raipur n’est guère interessante, je vais avec Anil un peu plus dans le nord, à Kawardha. 115 km, 4 heures de bus local et une ville de 45000 habitants qui a l’avantage d’être moins polluée.
Ce qui m’intéresse ici sont les tribus des villages alentours. Et pendant 2 jours grâce à une moto prêtée, nous sillonnons l’arrière pays de Kawardha sous une chaleur harassante. 36 degrés à l‘ombre, il vaut mieux partir de très bonne heure.

Le paysage est intéressant. De grandes forêts et quelques plaines mais le tout dans un état de sécheresse évidente malgré quelques rizières. J’imagine combien la mousson doit être attendue ici..




 En attendant, je découvre pour la 1ère fois les Gonds, l’une des 2 plus grandes tribus en inde (13 millions).

On reconnaît leur maison au symbole du parsapen, sorte de trident dont la partie du milieu représente l’intellect, la partie gauche le mental, et la partie droite le physique. Le pouvoir féminin c’est le rond, lui-même supporté par le pouvoir masculin. Enfin la dernière sphère du haut représente la lumière. Quant au nombre 750 que l’on peut voir, c’est le nombre de clans de la communauté gond.

Si avec ça, vous ne brillez pas en société le samedi soir..





Bref, les gonds sont accueillants, souriants et j’ai pu déambuler dans un gros village de 600 âmes suivie par tous les écoliers dont les parents leur disaient qu’ils allaient être en retard à l’école !
















A part, comme dans tous les villages, un bouiboui qui propose le minimum à vendre, il n’y a évidemment pas de magasins et ce sont donc les commerçants qui viennent à eux. Ce jour-là étaient venus le barbier..



Et le vendeur de bijoux qui a fait la joie de certaines villageoises et qui était tout fier de poser devant son vélo-magasin.

 




Après 2 bonnes heures passées ici, nous repartons sur la route. Là, nous croisons de nombreuses femmes revenant de la forêt avec un sacré poids sur la tête et il leur faut une déhanchement et un rythme de vahiné pour ne pas perdre l’équilibre..





Puis nous nous arrêtons chez un couple Yadav, une autre minorité présente dans le Chhattisgarh. Lui est en train de récupérer des fils de gros sacs, les enroule autour de sa bobine artisanale et s’en servira pour fabriquer des cordes. Rien ne se perd, tout se transforme.



Symbole sur les maisons yadav


Enfin, je fais la connaissance des Baiga, tribu ancestrale dont la particularité est le tatouage qu’arbore les femmes sur leur corps et visage. En général, on les tatoue vers l’âge de 9 ou 10 ans, les tatouages symbolisant la seule chose qui les accompagnera toute leur vie jusqu’à leur mort.
Aujourd’hui, les jeunes filles sont de moins en moins tatouées car elle porte sur leur visage l’appartenance à une classe pauvre et discriminée.
Il n’empêche que ces femmes (et hommes!) m’offrent des visages magnifiques.









Et pour finir, c’est jour de marché dans la petite ville de Bodla que nous traversons. Encore un moyen de découvrir à quel point l’inde est colorée.










Porte folio de mes plus beaux sourires (celui de mon homme yadav étant mon préféré..) :







Je repars à Raipur, car m’attend la Kumbh mela de Rajim. La suite donc dans quelques jours.

Merci de me lire.

Infos pratiques !!
Raipur : hotel Barlota Regency en plein centre dans une rue animée. 500 rs pour une chambre simple sans cafards avec ventilo. Gros avantage : wifi !
Kawardha : bus depuis Raipur (4 heures, 100 rs) attention, j’ai beaucoup confondu Kawardha avec Bhoramdeo qui en réalité est un temple à une vingtaine de km de Kawardha. On peut y accéder en bus local sans problème, l’entrée du temple est animé.
Hôtel à Kawardha : Hotel Kalpana. Chambre correcte pour 950 rs avec ventilo. Pas de wifi..
Marché de Bodla : tous les mercredi et dimanche toute la journée. Là aussi facilement accessible depuis Kawardha en bus.
Le mieux si vous n’avez pas de guide et que vous souhaitez explorer un peu plus est de vous trouver une moto. Vous pouvez faire appel à Rajudas manikpuri (il est sur fb) ou l’appeler au 9981645693. Il vous aidera malgré son anglais très limité.

Le nom du village Gond : Harmo
Le nom du village Baiga : Toraibahara (continuez sur la route même après les dernières maisons, le village continue 2 kilomètres après). Ce village se trouve sur votre gauche juste après la petite bourgade de Chilfi.

Mais si vous voulez un guide, faites appel à Anil, je vous le recommande vivement. Vous pouvez lui écrire à rgc.jdp@gmail.com et son numero est le 8965999600. Vous le trouverez aussi sur sa page fb en cherchant anilrawatindia.

En espérant que tous ces infos vous soient utiles un jour !





6 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que je ne connais pas cette région alors même que je suis allée en inde plusieurs fois.
Merci donc de nous faire découvrir ces visages au travers de tes superbes photos.
J'ai hâte de lire la suite.

Christine

Anil Rawat a dit…

nice explore chhattisgarh kawardha

Anonyme a dit…

comme si on y était ! les trains ne changent pas ni les billets mais il me semble que lesquels ne sont plus peuplés par une foule bariolée qui semblait vivre sur place .
toujours de belles photos . ne me parle pas des mariages arrangés , je suis allée voir "Noce" magnifique mais très dur . Bien sur quelques fois ça doit marcher.
et maintenant quel est le programme?
1 million de baisers

Anonyme a dit…

coucou de pujaut
on a beaucoup appris grace à ta vidéo (arriver en avance à la gare, prendre des espèces et on peut rajouter avoir de bonnes chaussures !!)
bon courage pour la suite!
gros bisous

Anonyme a dit…

toujours aussi douée pour l'écriture et la photo ! quel talent !!!
pas besoin de commencer un nouveau livre pour me détendre le soir, tes posts me font voyager!
merci de prendre le temps de nous faire partager ces expériences que je n'aurais pas l'audace de tenter!
besitos
et j'attend un reportage sur la maternité en inde biche :-)
ta Carlota

Anonyme a dit…

Nicely explained :)
Wish u should have known the baiga people a little closer as u were in Kawardha.. Baiga people are known for the tattoo loving people... .. And the best place to see the baiga tribal is in the weekly market which are known as the Haat Bazaar... Women in their traditional get up comes here along with their kids... Do try to attend a weekly market of baiga people next time if u pay a visit again.. Thx