samedi 24 mars 2012

C'est la fête - Mae Hong Son - 24.03.12

À la rubrique des nouvelles compétences acquises, je peux désormais inscrire « Motocross » sur mon curriculum de voyageuse intrépide (et légèrement stupide).

Mais commençons par le début. J'arrive un peu par hasard à Mae Hong Son, toujours au nord de la Thaïlande. La ville n'a rien de particulier à offrir mais j'avais lu que les environs étaient sympas à explorer. 

Je vais à la pêche aux informations dans différentes agences de la petite ville. Or ici, ce que l'on vous vend, ce sont les visites des femmes girafe. Un commerce un peu abject à mon goût auquel je refuse de participer.. Je fais donc l'impasse sur les villages des femmes au long cou.

Je cherche, comme d'habitude, l'endroit le plus authentique (même si je n'aime pas ce terme).
On me conseille alors d'aller passer la nuit dans le village de Ban Huai Goong que je dois rejoindre à pied après avoir atteint un premier village, Ban Nam Hoo,.. en moto.

Le lendemain, c'est donc casquée et armée d'une carte que je pars sur un engin, mi scooter – mi motocross, à la recherche de ce village perdu.

La route est bien.. au début.

Puis l'asphalte fait place à de la terre. Cela monte un peu mais je gére.

Rien de bien méchant.. au début.

Preuve que cela ne monte pas tellement, je peux même m’arrêter pour prendre une photo.


Mais l'affaire se corse de plus en plus. Et je ne suis même pas sure d'être sur la bonne route.

Et bien sur, je ne croise personne.

Le chemin, mélange de terre et poussière, se réduit de plus en plus, et les pentes sont de plus en plus raides. Je fais beaucoup, beaucoup moins ma maligne et me maudis de m'aventurer dans des galères pareilles.

Et je ne peux pas faire demi-tour. Je suis in-ca-pa-ble de faire le chemin inverse. Trop dangereux.

Pour corser le tout, ce satané village qui n’apparaît pas !

J'ai maintenant droit à des descentes vertigineuses. Les mains vissées sur les freins du bolide, je dévale la pente le plus lentement possible. 15 minutes pour faire 200 mètres. J'ai des crampes aux doigts tellement je serre sur les freins.


Enfin je croise un couple qui travaille au bord du chemin et qui me confirme (alléluia!) que je suis bien sur la bonne route. Encore faut-il que j'y arrive !

Finalement, c'est saine et sauve mais tendue comme jamais que j'arrive au premier village. 5 maisons. Personne.

Je gare ma motocross. Et là, deuxième obstacle : c'est où le sentier pour rejoindre le 2ème village ? Je vous avoue que ma motivation est proche de.. zéro.

Ouf, une maison est habitée et le fils présent parle thaï et quelques mots en anglais. (Car les ethnies ont leur propre langage et à part les jeunes générations, personne ne parle thaï dans les villages).

Il m'explique qu'il faut que je continue la moto pendant encore 4 kilomètres et après il y a un chemin qui descend pour accéder au village à pied.


Hors de question de remonter sur cet engin de mort. Je lui demande (le supplie!) de faire office de guide et de m’accompagner au village.
Heureusement pour moi, il accepte.

Encore un chemin chaotique à moto mais lui a l'habitude. Puis on se met à marcher jusqu'au village.. tout en bas de la montagne. Mais je suis complètement folle d'avoir eu l'idée d'aller seule là-bas! Ou les agences de voyage auraient dû me prévenir ! Le chemin est raide, je manque de me casser la gueule et de me jeter dans le précipice. Heureusement, mon pseudo guide est là. Il me fabrique en 2-3 coups de machette un bâton en bambou et c'est parti pour une heure de figures acrobatiques pour éviter de perdre l'équilibre tous les 10 mètres.

Nous arrivons enfin au village, je persuade mon petit guide de rester aussi pour la nuit car je ne me vois pas du tout remonter tout ça toute seule le lendemain.

Mais il est encore tôt. Le village est traditionnel, niché au bord d'une rivière.



Et du coup, je passerai l’après-midi au bord de la rivière. J'accompagne mon guide qui en profite pour ramasser des espèces d'escargots qui seront le festin du dîner (sans moi, désolée..)

Je n'ai pas pris de livre, je n'ai pas de musique à écouter et donc je me glisse sur un rocher, les jambes dan l'eau, tout habillée, et je ne fais.. rien !




Et je me rends compte que cela ne m'ait presque jamais arrivé dans ma vie.. de ne rien faire. Avant, si je n'avais rien à faire, c’était l'occasion pour moi au moins de m'allumer une cigarette mais là, même plus.


Donc j'ai savouré toute une après-midi.. à ne rien faire. Pour le coup, j'aurais très bien pu faire la même chose en France. Mais on va dire que cela n'avait pas la même saveur.



Après avoir participé aux taches pour le repas du soir, partagé le dîner avec la famille réunie, je ne fais pas long feu et vais me coucher tout en me disant un peu angoissée : mais comment je vais faire le lendemain pour reprendre le chemin du retour en moto ?


Réveillée aux aurores par les coqs et plus étonnants encore, par des bruits de perceuses... Pas d’électricité, pas de télévision, mais des perceuses à 6h du mat ???

En fait de perceuses, ce sont des insectes qui imitent à merveille le bruit assez énervant de cet outil adoré des bricoleurs du dimanche.

C'est comme des cigales.. mais avec un bruit de perceuse.

Il fait déjà très chaud et on a toute la montagne à gravir à pied donc je demande à mon guide de ne pas trop traîner.

Je ne vais pas faire le récit de l'ascension.. sachez juste que j'ai changé de pression atmosphérique pendant le trajet et que j'ai du décompresser mes oreilles. C'est dire le dénivelé ! (Ahh et je vous ai dit que je n'avais plus d'eau potable ??? je me suis préparée du thé pour pallier à ce manque. J’espère juste que l'eau a assez bouilli pour enlever les éventuelles bactéries.) On est proche du fiasco, hein ??
Enfin au sommet, en nage, je remonte sur la moto de mon guide jusqu'à son village.

Et là il faut bien que je lui fasse comprendre que je suis en fait une petite joueuse qui a la trouille de remonter sur sa moto..

Je lui propose au moins de faire la partie la plus raide. Je me débrouillerai après.

Le deal est conclu.
J'ai donc fait une grosse partie du trajet mais pas la plus difficile. Quand j'ai enfin rejoint l'asphalte, je me suis retenue pour pas descendre et baiser le sol.

Conclusion : Ne jamais s'aventurer seule sur des chemins de terre incertains si on a pas au moins 5 ans de motocross derrière soi.

Mais tout est bien qui finit bien et j'ai encore tout l’après midi pour profiter des routes (asphaltées!).


Et j'ai eu droit à mon cadeau. Dans un village qu'on m'avait également conseillé, Soppong Tai, j'arrive en plein milieu de la première journée de la fête de Poi Sang Long, littéralement « Festival des enfants de cristal ».


Cette cérémonie traditionnelle Shan accompagne les jeunes garçons de 7 à 14 ans qui sont ordonnés novices au terme de ces 3 jours de fête. Ils passeront tous au moins quelques semaines au temple, certains des années afin d'être ordonné moine. Cette fête annuelle est donc très importante pour l'ethnie Shan.

Après le rite du rasage du crâne (que j'ai raté), on les pare d'habits préparés des mois à l'avance, on les coiffe magnifiquement de fleurs et on parcoure le village sur les épaules du père, oncle, frère.. Pendant 3 jours, ils ne pourront poser le pied par terre sauf dans les habitations.





On se balade de maison en maison, où on les attend pour leur faire des donations, leur donner à manger, à boire. Le tout au son des cuivres et des tambours.





Entre les maisons, ça chante, ça danse, ça tourne sur les épaules. La chaleur est étouffante. Les porteurs perlent de sueur mais tous sont emplis de fierté et de joie.




Etant la seule étrangère présente, on m'accueille chaleureusement et je suis invitée à la cérémonie du lendemain.

Là, c'est big fiesta !! Si la veille on était une petite centaine, là on frôle le millier de personne. On accompagne les futurs novices au temple. En tout ils sont 30. Les familles portent les affaires dont ils auront besoin lors de leur séjour au monastère. Tous ont paré leurs plus beaux habits.



Tout ce dont a besoin un novice



Une procession se met en route. Je ne comprend pas la moitié des symboles mais c'est un super moment que je passe là. Les enfants sont contents d'être les rois de la fête, on danse encore plus que la veille. Les mères sont présentes aujourd'hui et certaines pleurent de voir s'éloigner leur enfant. Mais l'esprit est avant tout à la célébration.




Encore un beau moment. Il est juste curieux de voir ces petits garçons peinturlurés comme des filles et d’imaginer que le lendemain ils seront tous novices au service de leur religion en toge de moine.


Merci de me lire.

C'était la fête à Soppong Tai.



4 commentaires:

Anonyme a dit…

ah ça oui tu es folle. je n'imagine même pas une chute seule dans la montagne...heureusement tout est bien qui ... Et puis tu découvre la paresse et cette fête superbe. Simone de Beauvoir aurait pu écrire on ne nait pas garçon on le deviens.
Mille baisers Mam

steph a dit…

comme j'aimerais une journée de pause sans rien faire loin des problèmes quotidien je t'envie beaucoup.
c'est vraiment très surprenant les maquillages sur ces petit garçons mais en tout cas c'est très beau.
et oui tu es folle ou inconsciente ou un peu des deux d'aller au fin fond de nulle part pour mettre les pieds dans l'eau mais c'est l'aventure encore une fois très courageuse et c'est admirable.
pour finir tu n'es pas comme ta nièce Lucile qui adore les escargots.
on t'embrasse fort et je te lis à chaque nouveau post et parle de toi très souvent ne t'inquiète pas tu peux te rassurer que même si tu es au bout du monde on pense à toi mais prend soin de toi quand même et évite de joué les cascadeuses on te veut entière à ton retour

Anonyme a dit…

Encore un chouette article, de belles photos..

Evite juste de jouer les kamikazes. :)

Antoine

CyaN a dit…

C'est chouette de tomber sur un tel événement après un difficile parcours dans le wild thai. Et, au final, tu as obtenu le pourquoi du maquillage sur ces jeunes futurs novices?